Vu en Belgique La Scam, une gouvernance d’exception
Au moment où toutes les coopératives françaises cherchent à recréer de la proximité avec leurs adhérents, la Scam nous montre un bel exemple avec une double gouvernance basée sur un conseil d'administration et un conseil représentatif.
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Dans un pays où la coopération fait figure d’exception, face à la multitude d’entreprises privées de toutes tailles, la Scam (Société coopérative agricole de la Meuse) se différencie grâce à sa double gouvernance basée sur un conseil d'administration et un conseil représentatif, une seconde instance plus originale, qui permet de rester constamment en contact avec le terrain. L’efficience, la pérennité et l’écoute sont les maîtres mots de cette double gouvernance, et sont mises en application au quotidien, aussi bien chez les élus que chez les salariés.
Une organisation bien rodée
Le conseil d’administration est composé de six membres : quatre agriculteurs passés par le conseil représentatif, élus en AG, et qui ont tous une belle expérience complémentaire à l’agriculture, ainsi que deux personnalités extérieures, élues également en cas de renouvellement. « La présence de ces deux personnes de qualité est historique. C’est un plus indéniable car elles nous apportent une vision et un regard économique, social et environnemental différents et très complémentaires. Ils ont moins les mains dans la terre », explique en souriant Adrien Paquet, président du conseil représentatif, invité permanent du conseil d’administration et maillon liant avec la gouvernance terrain.
Assistent aussi au conseil, le directeur général et un observateur extérieur de Wallonie Entreprendre, organisme financier qui a réalisé d’importants emprunts subordonnés avec la Scam. « Nous avons la chance que ce soit un ingénieur agronome, bien rodé à nos problématiques, précise Christian Balduyck, le directeur général. Il est très précieux sur l’analyse des investissements. »
La nomination du directeur général, les grands axes stratégiques, les investissements sont ainsi discutés dans cette instance. Après concertation, les décisions sont prises. « Le président a une voix double en cas d’égalité de vote mais cela n’arrive jamais, affirme Fabrice Flamend, président de la coopérative. Nous travaillons toujours par consensus. »
Un laboratoire d’idées
Le conseil représentatif est composé de 40 agriculteurs, répartis sur l’ensemble des cinq régions de la coopérative. Leur nombre par région est en fonction de son chiffre d’affaires, dans le consolidé de l’entreprise. Les membres de ce conseil représentatif sont eux élus en assemblées régionales. « Ils doivent avoir en objectif de défendre l’entreprise avant leurs propres intérêts, précise Adrien Paquet. J’y veille car la réussite de ce type de gouvernance passe par là. Réunie quatre fois par an, cette instance est la caution des adhérents face au conseil d’administration. C’est une espèce de laboratoire qui fourmille d’idées et d’envies et un formidable outil de recrutement pour le conseil. »
La plus grande difficulté est la mobilisation. « On essaie en permanence de trouver des agriculteurs qui veulent bien consacrer du temps, souligne Adrien Paquet. Les recrutements se font essentiellement sur la capacité à raisonner, à donner de la hauteur, à apporter des expériences nouvelles et à être des ambassadeurs. Ces 40 agriculteurs sont une véritable caisse de résonance capable d’esprit d’analyse. » Au niveau local, deux assemblées régionales sont organisées chaque année pour discuter de l’activité de la coopérative. La parole est ainsi donnée aux 2379 adhérents. L’AG annuelle donne l’occasion de présenter les comptes et d’élire les représentants au conseil d’administration.
Un rajeunissement orchestré
Un effort considérable de rajeunissement de chacune des instances, ainsi que de l’encadrement des neuf membres du comité de management (Codir), a été réalisé depuis 5 ans. « Il fallait tranquillement tourner une page historique pour préparer l’avenir avec de nouvelles forces vives », souligne Christian Balduyck. « Cela s’est fait sans heurts, tranquillement, en toute sérénité et en pleine synergie. Prochainement, le conseil d’administration aura une moyenne d’âge proche de 45 ans et le comité représentatif autour de 40 ans. » Le principal défi est de conserver cette belle dynamique. Cela passe par de la formation ou encore des animations personnalisées.
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